La photo c’est l’œil qui n’est que le prolongement de l’âme.
La photo c’est se mettre à nu afin de retranscrire ce que voit l’œil, l’éternel combat entre l’immatérialité de l’âme et le cartésianisme du moment présent. En un seul clic dénué de sentiment apparait la beauté ou la noirceur de l’âme dans son entièreté.
Trente-cinq années passées sous l’uniforme des sapeurs-pompiers à voir la nuit et la lumière, à côtoyer la vie et la mort, à observer des lieux, des comportements, à capter des instants…à se dire que rien n’est figé pour l’éternité, et pourtant.
Et pourtant… comme d’autres choisissent le verbe, le pinceau ou le corps, j’ai choisi la photo. Je fige cette éternité qui nous obsède et nous angoisse, celle qui nous fait réfléchir sur l’ombre et la lumière.
J’entends évoquer et non illustrer, j’entends révéler une fleur de vie dans l’instant vécu comme une urgence, j’entends aller à l’essentiel afin de toucher le drame vital des lieux chargés de risques pour sauver leur beauté et leur intensité.
L’homme du feu qui est en moi est parti à la recherche de l’essentiel : Capter cette touche de vie qui triomphe de la mort.
Toucher la sobriété vibrante de cette fragilité poreuse qui côtoie la victoire de la vie sur l’imminence des ténèbres.